En république du Bénin, l’éducation pour tous (EPT) ou droit de tous les citoyens et citoyennes à l’éducation a été affirmé et réaffirmé depuis plusieurs années. Elle joue un rôle primordial dans la réduction de la pauvreté. La constitution du 11 Décembre 1990 ainsi que nombre des textes législatifs ou réglementaires ont impérativement fait obligation à l’Etat béninois d’organiser l’éducation et la formation des jeunes en général et celle des filles en particulier dans les sous-secteurs de l’enseignement général, technique et professionnel.
Pourtant, malgré les différentes mesures mises en œuvre dans ces sous-secteurs, on assiste toujours à un faible taux de scolarisation. Plus d´un enfant sur cinq (1/5) en âge scolaire ne sont pas scolarisés, et seulement quatre départements sur douze (soit 67%) présentent des indices d’instruction au-dessus de la moyenne nationale dont le littoral, l´Ouémé, le Mono et l´Atlantique (GIZ, 2012). Entre autres causes de cette faible scolarisation, il y a la déperdition qui caractérise fortement le système.
En effet, entre 2000 et 2011, sur 52,5% d’élèves scolarisables inscrit en premier cycle (6ème – 3ème), à peine 19,9% s’inscrivent en second cycle (2nd – Tle) avec un taux d’accroissement respectif de 0,32 et 0,23 (PDDSE, 2013). En 2010, ce taux d’accès aux classes chute de 140% au CI à 60% en 6ème et 20% en Terminale. Aussi, le taux d’achèvement dans les écoles maternel et primaire s’est amélioré en passant de 60% en moyenne sur la période 2004-2006 à 64,00% sur la période 2007-2010 suite à la décision de la gratuité de scolarisation par l’Etat en 2006, tandis que et le taux de redoublement s’est accrue (7,92% à 13,43%) de même que le taux d’abandon au CI (GIZ, 2012). Face à cette préoccupante déperdition scolaire des apprenants dans les établissements du Borgou et de l’Alibori, il urge d’initier et de mettre en œuvre, au profit de la jeunesse, un projet aux fins d’améliorer l’équité dans la scolarisation et de favoriser l’achèvement de l’enseignement secondaire grâce à de meilleures performances académiques.
La situation de l’école dans le haut nord du Bénin (départements du Borgou et de l’Alibori) est déplorable. Cela se caractérise par les plus faibles taux de réussite qui y sont enregistrés, due à de multiples raisons parmi lesquelles l’agriculture, l’élevage et le commerce qui dominent comme activités dans la zone. Les parents n’accordent aucune importance aux études de leurs enfants, d’ailleurs considérés comme un obstacle majeur à leurs activités étant donné qu’ils utilisent leurs enfants comme main d’œuvre.
Dans un environnement où les élèves se désintéressent facilement des études parce que les parents ne les y encouragent pas, il est aussi nécessaire de motiver ceux qui travaillent malgré tout et qui obtiennent de ce fait les meilleurs résultats et de sensibiliser les principaux acteurs pour les amener à comprendre l’importance des études et à œuvrer pour un enseignement de qualité, l’épanouissement des enseignés et des résultats meilleurs.
Dans des milieux fortement islamisés comme le nord-Bénin, la fille est précocement donnée en mariage pour la « préserver des péchés de la chair ». Ce fléau constitue un véritable obstacle à la scolarisation de cette catégorie d’enfants car les élèves filles, même si elles sont brillantes dans les études, sont régulièrement enlevées de l’école (entre 13 et 15 ans) et données en mariage à des adultes généralement en âge avancé ou à des jeunes analphabètes.
Dans ces parties comme un peu partout au Bénin, il y a un manque criard d’enseignants qualifiés (PDDSE, 2013, MEA, 2014). Les établissements dépourvus d’enseignants prolifèrent, surtout dans les milieux enclavés. Les bibliothèques et les librairies y sont rares et la plupart des enseignants préfèrent travailler au Sud où ils ont beaucoup plus d’opportunités.
L’organisation de travaux dirigés (T.D) ou séances de renforcement rendu impossible par le gouvernement du fait de l’interdiction de prélèvement de souscription chez les élèves pour leur renforcement et ce malgré le bas niveau de ces derniers, atteignant des seuils critiques dans le nord du Bénin, le manquant de formation de la plupart des enseignants et le taux élevé de déperdition scolaire dans ces milieux, font qu’il est nécessaire d’accompagner l’Etat par la formation continue et le recyclage périodique du corps enseignant ainsi que des élèves.